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Dege Saa double un îlot coralien |
En avril 2012, je suis allé en Tanzanie pour rendre visite à ma fille et sa famille. Nous en avons profité pour faire une escapade au bord de l'océan Indien, près de Tanga. Cette côte fait face aux îles de Penba et Zanzibar, des lieux de forte influence arabe, tout particulièrement pour ce qui concerne les bateaux. De fait, les seuls bateaux que nous avons vu sont des voiliers traditionnels à voile latine.
J'ai pu embarquer un matin à bord d'un boutre de 11 m, nommé Dege Saa. En voir des photos sur mon
album. Pour déraper l'ancre, un marin a sauté à l'eau : une pratique surprenante quand on est habitué à l'Atlantique Nord ! A quelques variantes près, le gréement de ces boutres est très proche de celui des voiles latines telles qu'on pouvait les voir en France, par exemple sur les barques catalanes, dans sa version originelle non simplifiée. Cela en fait un gréement très efficace, mais en pratique, il est nécessaire de passer l'antenne d'un bord à l'autre à chaque changement d'amure. Un équipage de 4 personnes est nécessaire pour naviguer sur Dege Saa. En fait le patron était absent le jour où nous sommes sortis. Aussi, quand nous avons quitté l'abri de la côte et trouvé un bon force 5, l'équipage a décidé de faire demi-tour. J'étais un peu frustré, d'autant qu'il y avait d'autres boutres aux alentours que je serais bien allé voir de plus près !
Le virement de bord est une manœuvre très exigeante pour l'équipage. Pour passer l'antenne d'un bord à l'autre, il faut en porter l'extrémité avant sur le côté du bateau, par le travers du mât ; l'écoute doit être passée sur l'avant du mât, puis tournée à nouveau sur un barrot à l'arrière. En l’absence de tout taquet, c'est déjà un bel effort ! Les haubans mobiles sont aussi passés sur le bord au vent...
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Nous sommes dans une région de mangrove, où terre et mer forment un environnement bien particulier |
Coque en bois, voile en coton, tout est traditionnel sur ce bateau à l'exception des cordages en polypropylène. C'est assez curieux car nous sommes dans une région qui est le premier producteur mondial de sisal. Sur la route depuis le Kilimandjaro, nous avons vu de nombreux champs de sisal.
Cette navigation fut courte mais intense. La région de Zanzibar est l'une des rares au monde où l'on peut encore voir des voiliers traditionnels au travail. Nous avons passé trois jours dans un "lodge" nommé
Fish Eagle Point. L’accueil y est excellent. Ils ont plusieurs boutres sur lesquels il est possible de naviguer. Bien sûr, ce n'est pas un endroit bien facile d'accès, mais je ne peux que vous encourager à y aller pour y vivre des instants inoubliables.